Le Carnet du collectionneur Le Carnet du collectionneur

Johnny, entre raretés et tout-venant

Un an après le décès de l'idole des jeunes, petite incursion dans l'univers des collectionneurs de Johnny Hallyday.

Une première question déjà: la valeur marchande des disques de Johnny a-t-elle été revue à la hausse depuis un an? La réponse est clairement non. Et notre interlocuteur sait de quoi il cause: le Bruxellois Yves De Bakker est sans doute le plus gros collectionneur de Johnny en Belgique et à l’échelle mondiale, il devrait figurer facilement dans le top 10. « C’est vrai que depuis un an il y a un engouement, pas mal de personnes veulent acquérir des anciens albums de Johnny Hallyday, parce que cela leur rappelle des souvenirs. Mais les vrais collectionneurs, ceux qui sont prêts à faire monter les prix, sont là depuis longtemps et ils sont déjà bien servis. Et puis, en musique, il n’y a pas vraiment de spéculateurs comme on peut en trouver dans l’univers de la bande dessinée par exemple ».

 

Yves De Bakker collectionne Johnny depuis près de 40 ans. Il s’est « amusé » à répertorier toute la production discographique du chanteur. En France bien sûr, mais aussi dans une quarantaine d’autres pays où les disques ont généralement bénéficié d’un nouveau pressage, d’une nouvelle pochette et encore d’un label différent. Avec aussi parfois de curieuses surprises, comme ces versions, rares et donc très recherchées où Johnny chante en japonais ou en turc.

 

Bref, les 51 albums studios, la trentaine d’albums live et les quelques 1.800 45 tours ont généré un total de 4.850 versions différentes, y compris dans ce chiffre étonnant les Compact Disc (1.456), les CDV et DVD (335) et encore les versions pirates en acétate et en vinyle (154). Notre homme tient régulièrement ses comptes: il possède plus de 4.400 références différentes. Autrement dit, les trouvailles se font de plus en plus rares. Une acquisition récente? Il s’agit d’un pressage canadien ultra rare, acquis cet été à Paris, et qu’il recherchait donc depuis près de 40 ans.

 

Notre collectionneur passe-t-il sa vie à Surfer sur internet? Et bien ce n’est pas vraiment son truc. Il s’appuie surtout sur un réseau de contacts personnels à l’étranger et fréquente aussi régulièrement les salles de ventes spécialisées, les conventions et autres bourses musicales à l’échelle européenne. Ses trouvailles sont classées par pays et bien sûr par supports, avec les différentes versions, pressages et particularités graphiques qui multiplient les recherches. Un exemple? le 45T Que je t’aime se décline de multiples manières, quatre ou deux pistes, pochettes et langues étrangères, versions musicales. Ainsi, il existe deux versions japonaises, l’une en français, l’autre dans la langue locale. C’est bien sûr ce second 45T qui est le plus recherché. Parce qu’il est rare déjà, mais aussi parce que l’idole des jeunes chante en japonais. Cela vaut l’investissement.

 

L’abondance ne fait pas la valeur

Que vaut généralement un disque de Johnny Hallyday? La réponse la plus fréquente est simple: pas grand-chose. Cela s’explique facilement par le fait que la production a été très abondante, essentiellement dans les pays francophones. Donc, le vieux 45T que vous avez sorti de votre cave a sans doute été produit à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires et se trouve facilement sur des brocantes ou des bourses spécialisées.

En fait, la règle est la même pour pas mal de collections: ce qui fait la valeur d’un objet, c’est sa rareté et son (bon) état de conservation. Et Johnny l’idole ne fait pas exception.

 

L’ovni turc

Ultra-rare et donc très recherché: le 45 tours deux titres AltinYüzük/Yesil Gözleri Için est une véritable curiosté. Dans cet opus, Johnny chante en turc et en français. Il s’agit de l’adaptation de deux de ses succès de l’hiver 1965/66: Mon anneau d’or et Ne joue pas ce jeu-là. L’objet (Philips 373.714) a été gravé en Turquie à l’occasion du bref séjour du chanteur et de Sylvie Vartan, au début du mois de mars 1966. C’est un journaliste turc qui a traduit les textes français et qui va aussi, semble-t-il, faire travailler Johnny en phonétique pour l’aider à maîtriser cette langue… vraiment étrangère quand on vient de France. Pressé à quelques dizaines d’exemplaires, c’est une véritable… pièce de musée. Préparez plusieurs milliers d’euros si l’occasion se présente d’acquérir un exemplaire. Et vérifiez du même coup qu’il est en bel état…

 

Son premier 45 tours

Si l’on excepte le tirage rarissime promotionnel mono face (coté + de 1.500€), nous connaissons bien – pensons-nous – ce 45T. Or, il existe au moins sept versions de pochettes avec des différences très subtiles. La première renseigne le titre T’aimer follement et le nom Johnny Hallyday en orange. L’imprimeur est Genin Frères. Label rose et rouge avec centreur. En état neuf et avec la petite languette destinée à l’époque à la comptabilité du libraire, il est vendu dans les 200€.

Sur la réédition de 2009, vous trouverez au dos de la pochette « Sony Music », qui n’existait pas en 1960. Vendue plus de 300.

Il aussi un disque pirate, vendu parfois très cher comme véritable original, mais qui ne vaut en réalité qu’un ou deux euros. Même si la pochette est identique, la supercherie est facile à découvrir car on a écrit « Halliday » au lieu de « Hallyday ». 

 

Un 45T bolivien

Les disques de Johnny Hallyday ont été commercialisés dans 40 pays, pour un total de 2.905 versions différentes. C’est bien sûr en France que la production a été la plus importante, avec un total des 1.782 albums et 45T, originaux et rééditions. Le Canada (185), le Japon (135) et l’Italie (130) suivent dans le classement. On comptabilise 31 réalisations « made in Belgium » (dont dix-huit 45T originaux). A l’autre bout du classement, on notera un 45T bolivien, un autre pressé au Guatémala, un seul encore en Norvège, au Zaïre et en… Suisse.