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Orval: le camion et ses trésors

Le deuxième opus ressuscitant les objets d’Orval est consacré aux camions et « tout ce qui rentrait dedans ». Comprenez les palettes, les casiers, les fûts et bien sûr les bouteilles avec leur étiquette et leur capsule. Sans oublier les indispensables décapsuleurs. 

 

C’est toujours l’association Autour du calice qui est à la manœuvre éditoriale. Fondée en 2008, elle rassemble quelque 300 membres, amateurs de la bière trappiste d’Orval, amoureux du site ou encore collectionneurs d’objets d’Orval. L’objectif est avant tout de rechercher, répertorier et conserver des objets et documents qui risquent de tomber dans l’oubli.

 

Il y a un an, un premier ouvrage de plus de 80 pages s’intéressait aux sous-bocks, ces cartons sur lesquels on dépose les verres. Cette fois, on embarque dans le camion pour découvrir tous ses trésors. Côté collection, nous passons donc de la cervalobélophilie à la tégestophilie.

 

Depuis l’origine de la brasserie, créée en 1931 et fonctionnelle en 1932, le camion a joué un rôle essentiel dans la commercialisation de la bière trappiste d’Orval. Oranges et verts, on les reconnaît assez facilement sur nos routes. Le premier camion, acquis en 1933, était un Ford AA semi-remorque. Au début des années 2000, un artiste-fondeur de la région a coulé dans le bronze des reproductions des premiers camions. En tout quatre modèles, réalisé chacun en soixante exemplaires. Inutile de préciser que ces anciens cadeaux d’affaires sont maintenant très recherchés par les collectionneurs.

 

Les palettes en bois sont apparues en 1971 à la suite de l’arrivée des casiers en plastique. Estampillées « Orval », elles étaient fabriquées sur place et pouvaient supporter un total de 56 casiers, alors que les palettes actuelles adaptées aux normes des centrales des grandes surfaces, ne peuvent « accueillir » que 42 casiers.

 

Côté fûts, il y a aussi bien sûr les anciens et les nouveaux. Les premiers, en bois, étaient numérotés et les armoiries de l’abbaye étaient sculptées dans le couvercle. Ils sont maintenant très difficiles à retrouver à l’état d’origine car beaucoup d’entre-eux ont été… coupés en deux pour en faire des jardinières.

 

Avant l’arrivée des casiers en plastique, en 1971, c’est le bois qui servait bien sûr de matériau de ces indispensables outils de transport. Les premiers casiers des années 1930 sont reconnaissables au grand « V » qui se détachait du nom. Ils contenaient 25 bouteilles disposées en quinconce. A partir de 1941, les casiers sont assortis d’une caution: dès cette époque, ils sont tous marqués au nom de la brasserie et millésimés pour indiquer le montant de la caution. Apparus dès la fin des années 1940, les casiers carrés seront les plus utilisés pendant une vingtaine d’années. Ici, c’est avant tout l’estampillage qui présente de l’intérêt pour les collectionneurs. Quand il est particulier, et donc rare, il est d’autant plus recherché.

 

La bouteille d’Orval de 33 cl est aisément reconnaissable à sa forme de quille, copiée sur un modèle anglais. Elle est de couleur brune mais a cohabité quelques années avec une autre de couleur vert d’eau, qui sera vite réservée à usage interne, pour les retraitants. Servies à l’hôtellerie, elles n’avait donc pas d’étiquette. Mais certaine d’entre elles ont été néanmoins introduites dans le circuit commercial dans l’immédiat après-guerre. Quelques exemplaires ont échappé à la destruction et font maintenant flamber les prix chez les collectionneurs. La bouteille brune se décline aussi en séries très limitées qui se distinguent par la forme, la contenance, les écritures sérigraphiées.

 

Ce sont assurément les étiquettes en losange qui présentent le plus de variétés. Elles se distinguent par les couleurs, les données imprimées et autres mentions légales, qui varient bien sûr d’un pays à l’autre. Ainsi par exemple en Italie, la bouteille n’est pas cautionnée et il faut donc ajouter sur l’étiquette le petit pictogramme identifiant une vidange perdue.

Les décapsuleurs seront tout d’abord entièrement métallique avant de se positionner au sommet d’une petite bouteille bois, en forme de quille bien entendu, que l’on peut acquérir assez facilement sur des brocantes.

 

Reste encore à évoquer la capsule, qui n’a pas connu beaucoup de variante depuis la création de la brasserie. L’inscription « bière d’abbaye » a été remplacée par le terme « trappiste » pour se prémunir contre la concurrence des grandes brasseries industrielles. Pendant les années 1980, la capsule a aussi porté le logo « Quality Control » qui a remplacé la célèbre truite à l’anneau. La capsule actuelle est finalement assez proche de la capsule originelle. Reste aux collectionneurs à traquer les très rares erreurs d’impression, couleur manquante ou découpe décalée.